Henri Tachan - La censure

La censure (1967) Paroles : Henri Tachan Musique : Jean-Paul Roseau Album : l’intégrale volume 1 1965-1969 Elle est malingre, elle est petite, Elle boit des grands verres d’eau bénite, Tout en feuilletant le glossaire Des mots interdits par Dieu le Père, Elle coupe, elle mutile ou elle blesse Ici un cœur, là une fesse, Elle est chirurgien des rois, L’Ambroise Paré sans foi ni loi... Sur le corps elle porte une bure, Pour cacher ses trésors absents, Sur le cœur elle porte une tonsure, Comme on porte un Saint Sacrement, La Censure! Elle est le Cerbère des royaumes, L’Hydre à cent têtes et le pogrom, La main de fer et le bâillon Qui étouffent les révolutions, Elle est le Grand Inquisiteur, Le Bûcher Purificateur, Et, il n’y a pas tellement longtemps, De Buchenwald au Ku-Klux-Klan... Sur le corps elle porte des souillures De poudre, de terre et de sang, Sur le cœur elle porte une armure Rouillée par la haine et le temps, La Censure! Aujourd’hui dans la Doulce France, En l’An de grâce et de jouvence, La revoilà qui pointe son nez, Qui roule des yeux sous son bonnet, La revoilà qui prolifère, Qui pudibonde, qui vitupère Contre une poignée d’objecteurs Qui déshonorent ses champs d’honneur... Sur le corps elle porte des dorures Pour mieux endormir les enfants, Et sur le cœur des moisissures De prison froide et de couvent, La Censure! Faudrait censure le strip-tease, La presse du cœur et les fayots, Faudrait trouver la Terre Promise Ailleurs qu’aux conneries des radios, Faudrait qu’un de ces jours on musèle Les bateleurs et leur bagou, Faudrait qu’un de ces jours les bordels Reviennent faire un p’tit tour chez nous... Faudrait enfin qu’on me réponde, Qu’on me convainque, qu’on me rassure, Que je n’suis pas le seul au monde A vouloir qu’un jour on censure...
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