Redécouvrez l’exposition “Marquet, un œil moderne“, à la Galerie de la Présidence
Florence Chibret-Plaussu vous présente l’exposition “Marquet, un œil moderne“ qui a eu lieu à la Galerie de la Présidence, à Paris, du 15 mars au 31 mai 2016.
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Albert Marquet est originaire de Bordeaux. Il gardera toute sa vie une passion pour la mer, les fleuves et une attirance pour une vie simple. Enfant discret, calme et timide, il s’intéresse très tôt au dessin. Sa mère décide alors de venir habiter à Paris. Marquet entre à l’École des Arts Décoratifs en 1892 et débute ainsi sa formation. Il fait la connaissance d’Henri Matisse avec lequel il se lie d’une profonde amitié. Dès 1894, Paul Baudoin, professeur d’Albert, demande à Gustave Moreau d’accueillir son élève dans son cours à l’École des Beaux-Arts. Là, le jeune artiste rencontre avec Matisse ceux qui deviendront ses meilleurs amis : Camoin, Manguin, Puy…
Les uns et les autres découvrent les plaisirs modernes – théâtres, fêtes foraines, guinguettes, cirques – que leur offre la capitale. Ils délaissent souvent l’atelier du Maître pour croquer passants et scènes de vie dans les rues ou aux terrasses des cafés.
Tous ressentent la nécessité de sortir des principes académiques et de créer leur propre style : couleurs franches et vives, sujets originaux qui reflètent les évolutions techniques et culturelles du monde moderne naissant. Louis Vauxcelles donnera le nom de « Fauves » à ce groupe auquel se joindront Vlaminck, Derain… qui expose au Salon d’Automne de 1905.
Albert Marquet se distingue par un dessin au trait minimaliste mais net, incisif, presque caricatural, d’un réalisme parfois cruel. Matisse comparait son ami à Hokusaï dont l’œuvre était très appréciée à l’époque. Cette capacité à capter le réel se retrouve aussi dans ses tableaux. D’ailleurs, Marius Mermillon écrivait : « Marquet entre en immédiate communication avec les lieux où il aborde… Il en devient sans délai le familier qui se permet de tirer d’eux un portrait ressemblant, toujours véritable car il porte sur lui le meilleur appareil photographique en usage, son œil… »
Dès 1906, le peintre va abandonner les couleurs violentes du fauvisme pour ne conserver que la pureté des traits. Il transforme sa palette en la chargeant de tons sourds, de dégradés allant du noir au blanc, du marron à l’ocre.
Et pourtant, Marcel Sembat a pu écrire :
« Marquet possède la lumière comme personne, il a le secret d ’une lumière pure, intense dont l’éclat uniforme et sans couleur emplit tout le ciel ».
À Paris en 1905, Marquet se consacre au Quai des Grands Augustins, puis, en 1906, au Quai du Louvre. Il crée des paysages parisiens épurés, centrés sur l’essentiel. En 1908, il s’installe quai Saint-Michel dans l’atelier que vient de quitter Matisse. Il y travaillera jusqu’en 1930, date à laquelle il achètera un appartement rue Dauphine dominant le Pont Neuf qu’il occupera jusqu’à sa mort. Pour ces toiles, il sélectionne des angles d’observation novateurs avec vues plongeantes sur les quais de la Seine ou sur des quais industriels. Dans le même temps, il parsème « ses » quais de petits personnages esquissés d’un trait sûr qui fait dire à Françoise Garcia :
« L’invention de Marquet se situe dans ce minimalisme de moyens qui veut qu’au moment où il affine sa couleur, casse sa perspective et accentue son trait, il trouve sa propre modernité, dans un rythme répétitif, sériel, du motif ».
Durant toutes ces années, il effectuera différents voyages : pendant la première guerre, il partage son temps entre Paris et Marseille dont il apprécie le côté cosmopolite. A partir de 1920, il passe une partie des hivers en Algérie ou en Tunisie. De nombreuses toiles reproduisant la baie et le port d’Alger, ou des vues de La Goulette, attestent de ses séjours en Afrique du Nord. À cette occasion, le peintre retrouve les couleurs vives et éclatantes de sa période fauve. À Alger, il rencontre Marcelle Martinet qui devient son épouse en 1923. Elle sera son modèle dans de nombreux dessins et aquarelles, et son intermédiaire vis-à-vis des marchands, surtout après la fermeture de la Galerie Druet en 1939.
En 1921, Marquet se rend à La Chaume, port des Sables-d’Olonne où il retournera en 1933. En 1926, il séjourne plusieurs mois à Hendaye. En 1936, malgré ses réticences initiales, il passe trois mois à Venise en qualité d’invité principal de la Biennale. Il en rapportera un grand nombre de toiles.
Le peintre reste fidèle à ses choix picturaux d’origine. Sa peinture gagne en plénitude et en assurance.
De 1940 à 1945, les époux Marquet se réfugient à Alger. Durant ces cinq longues années, l’artiste sera privé du « seul fleuve français », selon lui, la Seine. Sa santé déclinant, Marquet renonce à ses grands voyages. Il s’installe pour les derniers mois de sa vie en bordure de son cher fleuve, partageant son temps entre Paris et le village de La Frette dans lequel il loue une maison depuis 1938. Il s’y éteindra le 14 juin 1947.
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