Le Schpountz - “Tout condamné à mort aura la tête tranchée...“

“Le Schpountz“, film de Marcel Pagnol (1938). Irénée Fabre (Fernandel) rêve que de cinéma, pour lequel il est persuadé d’avoir un don, et s’ennuie à mourir dans le magasin de son oncle, honnête épicier d’Éoures. Quand le hasard le met un jour sur la route d’une équipe de tournage, il s’empresse de leur démontrer ses talents, sans savoir qu’à leurs yeux, il n’est qu’un “Schpountz“ : un de ces innombrables prétentieux certains d’être des Louis Jouvet ou des Raimu méconnus... La guillotine est mentionnée à deux reprises dans ce film comique - et quelque peu dramatique -, tout d’abord lors de cette fameuse scène d’interprétation de l’article 12 du Code pénal (et non civil), mais également vers la fin du film, quand Irénée apprend qu’en fait, s’il a bel et bien du talent - et pas des moindres -, c’est dans l’art de provoquer l’hilarité chez les spectateurs : une idée qui ne l’enchante pas le moins du monde... “Faire rire ! Devenir un roi du rire ! C’est moins effrayant que d’être guillotiné, mais c’est aussi infamant.“ On retrouve ça et là dans les écrits de Marcel Pagnol des allusions à la peine de mort, prouvant que malgré tout, la sentence n’était pas une chose si absente que cela dans la pensée populaire. “Un très vieil ami de mon père, sorti premier de l’Ecole normale, avait dû à cet exploit de débuter dans un quartier de Marseille : quartier pouilleux, peuplé de misérables où nul n’osait se hasarder la nuit. Il y resta de ses débuts à sa retraite, quarante ans dans la même classe, quarante ans sur la même chaise. Et comme un soir mon père lui disait : « Tu n’as donc jamais eu d’ambition ? — Oh mais si ! dit-il, j’en ai eu ! Et je crois que j’ai bien réussi ! Pense qu’en vingt ans, mon prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves. Moi, en quarante ans, je n’en ai eu que deux, et un gracié de justesse. Ça valait la peine de rester là. »“ (La Gloire de mon père)
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