Jean-Jacques Schuhl : Paroles
Ingrid Caven : Chant
Blanc sur blanc
Un peu de poudre sur ta peau
Sur ce polaroïd
De ton corps livide.
Cette chose blanche je l’avale
Et ton corps se dévoile
Une ligne aspirée avec 500 Francs
Roulés en cornet
Et voici ton nez.
Ligne après ligne, ton corps monte vers moi
Des morceaux de ta peau:
Comme la photo qui se révèle dans l’eau,
La tombe sous la neige qui fond, qui fond
La fille nue au fond du gobelet chinois
Le corps enseveli que l’on sort
Des décombres
J’aspire un peu de poudre
L’homme qui sort lentement de l’ombre
Une clavicule, deux rotules, trois doigts
Et puis le genou droit
Le coude, la bite, les dents, l’orbite
Et cætera, et cætera, et cætera
Encore une ligne, c’est le pied gauche
La photo est presque complète
J’aspire encore un peu: voici les yeux,
Ils sont joliment vides:
C’est ceux d’un mort sur un polaroïd.