Nationalisme et traditions : la Russie selon Poutine
Depuis que Vladimir Poutine est au pouvoir, le pays, dirigé d’une main de fer, s’est redressé après des années 90 chaotiques. Son programme : le retour aux valeurs traditionnelles, celles du nationalisme fort et de l’orthodoxie, des valeurs héritées de la « Grande Russie » des Tsars. Orthodoxe pratiquant, Poutine s’affiche avec les représentants de l’Église lors de célébrations religieuses, comme l’Épiphanie. À cette occasion, il s’immerge dans un bain d’eau glacée devant des millions de fidèles ; une scène qui symbolise le baptême du Christ.
En Russie, l’Église orthodoxe n’a jamais été aussi puissante. Rien qu’à Moscou, une soixantaine d’églises ont été construites ces dernières années. Certaines sortent même de terre, en plein milieu de parcs publics. Et gare à ceux qui s’opposent à ces chantiers car des groupuscules violents, qui disent agir au nom d’un Patriarche, sont là pour les dissuader. S’opposer au pouvoir de l’Église, c’est être considéré comme un ennemi de la nation, risquer des descentes de police à son domicile ou subir des interrogatoires musclés menés par les services secrets.
Par conviction ou opportunisme, de nombreux Oligarques se font les chantres de la Russie « poutinienne » et traditionnaliste. Parmi eux, Konstantin Malofeev qui rêve au retour du tsarisme. Malofeev dépense sans compter pour façonner la jeunesse selon sa pensée ultra-nationaliste. Il a aussi financé une école privée, Saint-Basile le Grand, dont le but est de former la future élite russe. Dans son établissement, les portraits des tsars trônent en bonne place, les cours d’orthodoxie sont quotidiens, sans oublier les bals flamboyants qui rappellent les grandes heures de l’aristocratie russe d’antan.
Vitaly Milonov est le député « Russie Unie » (le parti de Vladimir Poutine) de Saint-Pétersbourg. En 2013, il a fait voter une loi sanctionnant les messages LGBT. Il voit en l’homosexualité « une maladie » et « un pêché venu de l’Occident ». Résultat, des Russes se lancent désormais dans une chasse aux sorcières. Joaillier la journée, Timor traque le soir les professeurs et instituteurs homosexuels. Son but : les dénoncer et les pousser à la démission.
Plus populaire que jamais, Vladimir Poutine n’a pas vraiment de concurrent politique. Alexeï Navalny, l’une des principales figures de l’opposition, a été déclaré inéligible à l’élection présidentielle en raison d’une condamnation judiciaire qu’il juge guidée par le Kremlin. Autre détracteur du Président : Boris Nemtsov, assassiné en 2015 alors qu’il s’apprêtait à faire des révélations sur la responsabilité de la Russie dans le conflit ukrainien. Chaque soir, des citoyens lui rendent hommage sur les lieux de son assassinat. L’un d’entre eux a été battu à mort, au même endroit, l’été dernier.
Au sud du pays, un peuple guerrier, incarnant au plus haut point cette alliance entre patriotisme et orthodoxie, revient sur le devant de la scène : les Cosaques. Persécutés sous le régime communiste, ceux qui étaient le bras armé des tsars sont aujourd’hui soutenus par Vladimir Poutine qui leur a redonné une place dans l’armée, dès 2005. Les Cosaques forment leur jeunesse dans des écoles qui allient orthodoxie et cours militaires. Les élèves se vouent pour la plupart à une carrière de soldat. Fiers d’être Cosaques, profondément attachés à la « Russie éternelle », ils sont prêts - plus que n’importe qui - à mourir pour la patrie.
Réalisateur : Guillaume Dumant et Sébastien Bardos
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