Irlande : le linge sale de l’Église | ARTE

Disponible jusqu’au 03/02/2024 #Eglise #Irlande #ARTE De 1922 à 1996, plus de 10 000 jeunes femmes ont vécu en esclavage dans des couvents irlandais où elles travaillaient gratuitement en tant que blanchisseuses. Une poignante immersion au coeur d’un système étatique scandaleux qui a perduré pendant des décennies. “J’ai souvent pensé que je n’aurais pas survécu si j’avais été envoyée dans une blanchisserie des sœurs de la Madeleine. Je serais morte“, confie avec émotion Joan Burton, vice-Première ministre d’Irlande de 2014 à 2016, placée à sa naissance, en 1949, dans un orphelinat avant d’être adoptée à l’âge de 2 ans. Ainsi, elle échappa au funeste destin des “Maggies“, comme les surnommaient les Irlandais, ces filles, adolescentes et femmes qui trimaient dans les blanchisseries des sœurs de la Madeleine. De 1922 à 1996, le pays en compta dix, tenues d’une main de fer par les nonnes. Près de dix mille malheureuses y vivaient et y travaillaient dans d’épouvantables conditions, placées là par les pouvoirs publics, l’Église catholique ou les familles, plus ou moins conscientes de ce qui se déroulait entre leurs murs. Alors que ce scandale d’État a été mis au jour au début des années 1990, une dizaine de femmes livrent aujourd’hui des témoignages glaçants d’effroi sur leur enfance et leur jeunesse brisées. Les mauvais traitements, les abus sexuels, les brimades, le froid, l’isolement, l’absence d’éducation, le travail harassant… “Tu es là parce que personne ne veut de toi“, disaient les nonnes à Gabrielle, qui se souvient de cette ignominie, les larmes aux yeux. Dans une société misogyne et ultraconservatrice, où l’anticléricalisme n’existait pas, les femmes n’avaient que deux perspectives : devenir nonnes ou mères de famille. Celles que l’on jugeait trop belles et les filles-mères étaient généralement écartées de la société et enfermées dans ces blanchisseries. Dans la chaleur, la vapeur, les odeurs âcres, les Maggies travaillaient sans gants ni masque et nettoyaient aussi bien des tabliers ensanglantés d’abattoirs que des draps d’hôpitaux. Celles qui ne tenaient pas les cadences infernales étaient aussitôt châtiées par les sœurs...  Complicité de la société   En 2002, Peter Mullan rendait un bouleversant hommage à ces femmes couvertes d’opprobre avec The Magdalene Sisters, Lion d’or à la Mostra de Venise. Aujourd’hui, l’Irlande n’a toujours pas soldé ses comptes avec les victimes de ce système étatique qui réduisit plus de dix mille femmes en esclavage pendant des décennies, avec la complicité de toutes les couches de la société. Construit à partir des témoignages poignants d’une dizaine de survivantes, ce documentaire dévoile leur chemin de croix et les répercussions dévastatrices que leur réclusion forcée a eues sur elles, leurs enfants et leurs familles. Tissé d’images d’archives personnelles et historiques, ce film contribue à redonner une humanité à celles qui en ont été privées. Documentaire de Gerry Gregg (Irlande, 2020, 1h30mn) Abonnez-vous à la chaîne ARTE Suivez-nous sur les réseaux ! Facebook : Twitter : Instagram :
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