Russie - Afrique : le sommet qui défie l’Occident #cdanslair
Isolé sur la scène internationale, le maître du Kremlin peut toujours compter sur le soutien, ou la neutralité, de nombreux pays africains. Une quarantaine de délégations et dix-sept chefs d’État ont fait le déplacement à Saint-Pétersbourg pour participer aujourd’hui et demain au sommet Russie-Afrique. Une deuxième édition, près de quatre ans après la précédente à Sotchi, qui doit avant tout permettre à la Russie d’approfondir ses relations sur le continent et de jauger ses alliés sur fond de guerre en Ukraine et d’inquiétudes pour la sécurité alimentaire du continent.
Moscou a décidé récemment de ne pas renouveler sa participation à l’accord qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses céréales via la mer Noire, malgré le blocus russe. Ce retrait pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’inflation et l’alimentation des populations de nombreux pays africains qui affichent une forte dépendance au blé russo-ukrainien. Pour faciliter ses exportations de céréales, de matériel agricole et surtout d’engrais, la Russie réclame notamment un allègement des sanctions économiques qui la visent. En parallèle, Vladimir Poutine vient d’annoncer en ouverture du sommet la livraison gratuite de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales à six pays africains : Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée. Moscou avait déjà procédé ces derniers mois à des dons stratégiques d’engrais à destination de certains pays africains qui rencontrent des difficultés d’approvisionnement, en faisant de son engrais un nouvel outil diplomatique.
La Russie, qui souhaite étendre son influence sur le continent, s’est imposée ces dernières années comme le premier exportateur d’armes en Afrique subsaharienne, devant la Chine. Et, si ces exportations ne représentent que 12 % des ventes d’armes du pays, elles sont significatives sur le plan stratégique. En revanche, le coup d’Etat avorté du groupe Wagner à la fin du mois de juin a jeté un certain trouble dans les esprits. Repris en main par Moscou après la mutinerie, la question de l’avenir du groupe paramilitaire sur le continent, particulièrement au Mali et en Centrafrique, mais aussi au Soudan ou en Libye, reste posée. Dès le 26 juin, le ministre russe des Affaires étrangères avait indiqué que le travail d’“instructeurs“ des “militaires“ russes présents en République centrafricaine (RCA) et au Mali “continuerait“, une manière rassurer ces deux Etats avec lesquels la coopération avec Wagner est la plus poussée. Mais sous quelle forme ? Et que se passe-t-il au Niger ? Des militaires putschistes du Niger ont annoncé mercredi à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, désormais retenu à la présidence, à Niamey. “Nous, Forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez“, a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue.
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger semble avoir basculé à son tour. Un coup d’Etat dénoncé par l’Union africaine, Washington et Paris. “Cette instabilité, c’est un drame pour la population nigérienne“, a déclaré ce jeudi sur franceinfo le président du groupe Renaissance à l’Assemblée. Sylvain Maillard a également fait part de son inquiétude pour les “intérêts“ de la France sur place. “Vous savez très bien que l’uranium fait partie aussi de l’équation, et donc nous regardons avec grande attention ce qui va se passer“ a-t-il ajouté. La France dispose aussi au Niger d’une base militaire importante d’au moins 1500 hommes, engagés avec l’armée nigérienne dans la lutte contre les djihadistes au Sahel. Un redéploiement des forces françaises opéré récemment après avoir été chassées du Mali et du Burkina Faso sous l’influence de la Russie.
Armes, céréales, nucléaire... Quels sont les enjeux du sommet Russie-Afrique qui se déroule à Saint-Pétersbourg ? Quelle est la situation au Niger ? Quelles conséquences pour la France ? Enfin où en est la contre-offensive en Ukraine ? Et quel est l’impact de la destruction du barrage sur le Dniepr dans le pays et au-delà ?
Experts :
- Anthony Bellanger, Éditorialiste, spécialiste des questions internationales, France Inter
- Elsa Vidal, Rédactrice en chef de la rédaction en langue russe - “RFI“
- Vincent Hugeux, Grand reporter - Spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique, Auteur de “Tyrans d’Afrique“
- Général Patrick Dutartre, Général de l’armée de l’Air et de l’Espace, Ancien pilote de chasse
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