Jacques Brel : Les Bigotes.

Jacques Brel : Les Bigotes. (1964) “Elles vieillissent à petits pas, De petits chiens en petits chats : Les bigotes. Elles vieillissent d’autant plus vite Qu’elles confondent l’amour et l’eau bénite, Comme toutes les bigotes. Ah si j’étais diable en les voyant parfois Je crois que je me ferais châtrer. Si j’étais Dieu en les voyant prier Je crois que je perdrais la foi, Par les bigotes. Elles processionnent à petits pas, De bénitier en bénitier : Les bigotes. Et patati et patata, Mes oreilles commencent à siffler : Les bigotes. Vêtues de noir comme Monsieur le Curé, Qui est trop bon avec les créatures, Elles s’embigotent les yeux baissés, Comme si Dieu dormait sous leurs chaussures De bigotes. Le samedi soir après le turbin On voit l’ouvrier parisien, Mais pas de bigotes. Car c’est au fond de leur maison Qu’elles se préservent des garçons : Les bigotes. Qui préfèrent se ratatiner De vêpres en vêpres, de messe en messe, Toutes fières d’avoir pu conserver Le diamant qui dort entre leurs fesses De bigotes. Puis elles meurent à petits pas, A petit feu, en petit tas : Les bigotes. Qui cimetièrent à petits pas, Au petit jour d’un petit froid De bigotes. Et dans le ciel qui n’existe pas, Les anges font vite un paradis pour elles, Une auréole et deux bouts d’ailes, Et elles s’envolent à petits pas De bigotes.“
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