WILLIAM FAULKNER (1897-1962) – Une vie, une œuvre [2011]

Par Virginie Bloch-Lainé et Clotilde Pivin. Rediffusion de l’émission du . Avec la collaboration de Claire Poinsignon et d’Annelise Signoret. “L’inceste et le viol sont peut-être des distractions communément répandues dans le Jefferson, Mississippi de Faulkner, mais pas ailleurs“. Tel est le commentaire sermonneur qu’adressa le New York Times à William Faulkner qui recevait en 1949 le Prix Nobel de littérature... Né à Oxford en 1897, une petite ville du Mississippi qu’il rebaptise Jefferson dans ses romans, Faulkner a écrit des romans dont les héros sont des fous, des idiots, des sadiques, des rustres doués pour les travaux de la terre, des descendants de lignées maudites qui tous essaient de lutter contre les forces de la nature, de l’hérédité et du destin, mais sortent perdants de ce duel. Ce sont toujours des êtres en action, qui pensent en même temps qu’ils agissent, ne comprennent pas complètement ce qu’ils sont en train de faire, et ce n’est pas sur l’auteur qu’il faut compter pour en savoir davantage. Cela donne au moins un roman scandaleux, Sanctuaire, dans lequel une brute, Popeye, viole une femme avec un épis de maïs, et au moins un roman réputé inintelligible, Le Bruit et la fureur, dans lequel alternent quatre récits, quatre points de vue et de très nombreuses temporalités différentes. Car les voix comme les temps se compénètrent chez Faulkner, comme pour dire qu’on n’est jamais vraiment à ce qu’on fait, qu’on est toujours à côté, décalés par rapport au rythme du dehors, qui exige une régularité que l’on n’a pas à l’intérieur. Entre 1928 et 1932, cet homme d’ 1 mètre 67, qui boit beaucoup - dans la famille, on était alcoolique de père en fils - écrit cinq romans magistraux : Le Bruit et la Fureur, Sanctuaire, Lumière d’Août, Sartoris et Tandis que j’agonise. Plus tard viendront Absalon ! Absalon !, Si je t’oublie Jérusalem, et d’autres romans encore. Comme il manque toujours d’argent, Faulkner fait des petits boulots en plus de ses romans, écrit des nouvelles et travaille pour Hollywood, à partir de 1937. Même si Howard Hawks, pour lequel il écrit, est son ami, ce monde n’est pas le sien. Faulkner est décalé, justement. Sartre, lecteur dans les années 1930 de Sanctuaire et de Tandis que j’agonise, avait dit qu’il “faudrait connaître“ Faulkner. Ce à quoi le romancier, des années plus tard, répondit indirectement en déclarant que son épitaphe et sa nécrologie tout ensemble devraient se résumer à : “Il a fait des livres et il est mort“. Seules comptent les œuvres, et pas l’homme ? Non, mais il est vrai que lorsqu’on regarde la vie de Faulkner, on se demande d’où viennent la violence, la fureur, la part de prophétie de sa littérature. Intervenants : - Paul Paul Audi : philosophe, auteur de “Créer, introduction à l’esth/éthique“, (Verdier). - Pierre Bergounioux : écrivain. - Marc Weitzmann : écrivain - Olivier Sebban : écrivain, auteur de ’Le Jour de votre nom’ (Seuil). Bibliographie : - “Faulkner : le roman de la détresse“, Presses Universitaires de Rennes, 2003. - “Jours de Faulkner“, MEET, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Collection Les bilingues, 2008. - “L’idiotie dans l’oeuvre de Faulkner“, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2009. - “William Faulkner : une vie en romans“, Aden, 2007 .
Back to Top