Lacan Nous et le Réel #66. De l’Autre à l’autre et retour.

La psychanalyse est une pratique sans commune mesure pour éprouver le primat du signifiant dont le sujet n’est que l’effet. L’analysant — celui qui accepte de se faire la dupe du discours analytique — peut s’y appréhender comme la division entre son énonciation et son énoncé ($). Ainsi dans la cure l’infinitif de l’Inconscient se conjugue avec le futur antérieur comme temps de l’après-coup, du désir et de la liberté. Le sujet aura été libre puisqu’il aura appris à se reconnaître dans les formations de l’Inconscient qui sont autant de manifestations du désir comme désinence du dire. Le sujet aura appris à désirer. Il aura alors fallu patiemment déplier les articulations signifiantes et les logiques langagières telles qu’elles dominent intégralement l’Homme comme porté par la parole avant de pouvoir s’en faire le porteur. Soit la psychose comme condition originelle d’un savoir qui ne se sait pas, d’un ne-pas-pouvoir-savoir, auquel le sujet aura à adjoindre un croire dont la réflexivité sera synonyme de l’instauration du langage comme lieu de l’Autre. Le sujet ne peut que croire qu’il croit puisque pour se faire il doit accorder du crédit au signifiant et nécessairement passer par la parole. Ainsi le passage du savoir au croire pourrait résumer le passage de la psychose à la névrose. À la perversion la fameuse formule : 《 Je sais bien ... mais quand même 》qui pourrait aussi s’entendre comme : 《 Je sais bien que je crois ... mais quand même je veux continuer de croire que je sais 》. L’obséissance aux féroces injonctions surmoïques qui caractérisent la zwangneurose, ou névrose de contrainte, peut, dans la cure, trouver sa résolution par l’hystérisation de l’analysant qui dès lors ne procédera plus ni à l’isolation de l’Autre — soit à la réduction de l’Autre à l’autre — ni à l’annulation du désir de l’Autre — qui équivaut à sa propre annulation. Ainsi le fantasme de l’obsessionnel d’avoir un désir à soi sans en à avoir à passer par l’Autre ne pourra plus tenir et son Moi aux fortifications vaubanesques aura alors laissé place au sujet de l’Inconscient comme effet de l’immaitrisable et imprédictible parole (cf. la lecture de Jacques Lacan du cas de Maurice Bouvet de l’envie du penis dans une névrose obsessionnel féminine). Rudy Goubet Bodart Merci à tous nos contributeurs qui soutiennent le séminaire:
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