“Lorsqu’on proposera à saint Vincent de Paul de faire entrer un de ses neveux dans les ordres pour des motifs qui n’étaient pas parfaitement purs, il s’y opposera en disant : « Pour moi, si j’avais su ce que c’était quand j’eus la témérité d ‘y entrer, comme je l’ai su depuis, j’aurais mieux aimé labourer la terre que de m’engager en cet état redoutable. (Lettre au chanoine de Saint-Martin – 1658) »
De la même manière, il écrivait à Monsieur Dupont-Fournier, avocat à Laval, le 5 mars 1659 : «… il faut donc être appelé de Dieu à cette sainte profession … l’expérience que j’ai des désordres arrivés par les prêtres, qui n’ont pas tâché de vivre selon la sainteté de leur caractère, fais que j’avertis ceux qui me demandent mon avis pour le recevoir, de ne s’y engager pas, s’ils n’ont une vraie vocation de Dieu, une intention pure d’y honorer Notre Seigneur par la pratique de ses vertus et les autres marques assurées que sa divine Bonté les y appelle. Et je suis si fort dans ce sentiment que, si je n’étais pas prêtre, je ne le serais jamais. C’est ce que je dis souvent à tels prétendants, et ce que j’ai dit plus de cent fois en prêchant aux peuples de la campagne. »
(...) La conception du sacerdoce de saint Vincent de Paul s’était forgée à partir de la réalité concrète de son expérience. Or, l’expérience de saint Vincent (...) l’avait amené à constater l’état déplorable du clergé à son époque.
Le « haut clergé » vivait à la cour ou sous l’influence des grands, et le « bas clergé » vivait dans les campagnes, souvent misérable et ignorant. Les uns et les autres perdaient de vue leur caractère d’hommes de Dieu. Quant au « bas clergé », il était tellement mêlé au peuple dont il avait la charge, qu’au lieu de l’aider à bien vivre, le plus souvent il en partageait les vices, les excès et la saleté à un point tel que « Le nom de prêtre était devenu synonyme d ‘ignorant et de débauché ». (Amelotte, , ) De même, un évêque confiait un jour avec tristesse à saint Vincent : « J’ai horreur quand je pense que dans mon diocèse, il y a presque sept mille prêtres ivrognes ou impudiques qui montent tous les jours à l’autel et qui n’ont aucune vocation ». (Abelly. Vie de saint Vincent de Paul, liv. I, chap. XXII) “
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Une vision de saint Pio de Pietrelcina (In la “Lettre aux amis de saint François“ nº 20 - 19 mars 2003) « Combien de nos malheureux frères [dans le sacerdoce] répondent à son amour en se jetant à bras ouverts dans l’infâme secte des francs-maçons ! »
Vendredi matin (28 mars 1913), Jésus m’apparut alors que j’étais encore au lit. Il était en bien piteux état, méconnaissable. Il me montra une foule de prêtres réguliers et séculiers, dont plusieurs dignitaires de l’église ; parmi eux, certains célébraient, d’autres se paraient de leurs ornements sacerdotaux ou les enlevaient.
La peine qu’il éprouvait me faisait mal et je demandai à Jésus la raison de sa souffrance. Je n’obtins pas de réponse. Il continuait, le regard horrifié, de fixer ces ecclésiastiques. Comme s’il était las de regarder, il leva les yeux sur moi et je découvris avec effroi que deux larmes coulaient sur ses joues. Il se détourna de tous ces prêtres avec une expression de dégoût et s’écria “Bouchers !“
Puis, s’adressant à moi : “Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées de bienfaits, elle durera jusqu’à la fin du monde. Pendant le temps de mon agonie, il ne faut pas dormir, car mon âme a besoin de quelques larmes de pitié humaine. Hélas, les hommes me laissent seul sous le poids de leur indifférence. L’ingratitude et le sommeil de mes ministres rendent mon agonie plus pénible.
Hélas ! Comme ils répondent mal à mon amour ! Ce qui m’afflige le plus, c’est qu’à leur indifférence, ils ajoutent mépris et incrédulité. Que de fois j’ai été sur le point de les foudroyer, si je n’avais été retenu par les anges et les âmes qui me sont acquises... écris à ton père spirituel en lui relatant tout ce que tu as vu et entendu de moi ce matin. Dis-lui de communiquer ta lettre au père provincial...
Je ne pourrai jamais révéler à qui que ce soit ce que Jésus me révéla par la suite. Cette apparition déclencha en moi tant de douleurs morales et physiques que je restai prostré toute la journée. J’aurais cru mourir si Jésus ne m’avait alors relevé... Comme Jésus a raison de se plaindre de notre ingratitude ! Combien de nos malheureux frères [dans le sacerdoce] répondent à son amour en se jetant à bras ouverts dans l’infâme secte des francs-maçons ! Prions pour eux, afin que le Seigneur les illumine et touche leur cour... (Lettre du Padre Pio au Père Agostino, du 7 avril 1913 ; RECUEIL DE LETTRES (1910-1922), traduction d’Yves d’Horrer, Paris, Téqui, 2001, p. 344-346)“
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