Sol Gabetta joue avec l’Orchestre national de France sous la direction de Cristian Macelaru le 2e Concerto pour violoncelle n°2 de Camille Saint-Saëns. Extrait du concert donné le 26 novembre 2021 à la Philharmonie de Paris.
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Saint-Saëns fait partie de ces compositeurs arrivés à point nommé. Né en 1835, il avait
en 1871 suffisamment de maturité, déjà, et suffisamment de fougue, encore, pour incarner
ce qu’on appelle le renouveau de la musique française. Car si l’on ne peut pas réduire
« la belle époque de la musique française », comme l’appelle François Porcile, aux
conséquences de la guerre franco-prussienne et au désir des Français de se relever, il
est un fait qu’un bouquet de compositeurs remit la musique, singulièrement la musique
symphonique, la musique de chambre et la mélodie, à l’honneur dans notre pays. Lalo,
Fauré, Duparc, Chausson, Saint-Saëns, Chabrier et bien d’autres, en attendant Dukas,
Debussy, Ravel, furent de ceux qui ne se contentèrent pas de composer des opéras mais
eurent à cœur d’écrire les grandes heures d’une musique inventive dans tous les registres.
Saint-Saëns, ainsi, composa deux concertos pour violoncelle, le premier en la mineur,
entrepris alors que le compositeur avait déjà écrit trois concertos pour piano, le second
en ré mineur. C’est le Premier Concerto qui est le plus souvent joué. L’attrait qu’il exerce
est dû, sans doute, à sa concision, à son orchestration légère, à la grâce du menuet qui
fait figure d’épisode central mais non de mouvement lent, car les trois parties de cette
partition sont enchaînées. Comme le rappelle Roger Nichols, Saint-Saëns, « lorsqu’il était
étudiant, avait reçu des cours d’accompagnement pianistique d’Auguste Franchomme
(1808-1884), le violoncelliste auquel Chopin avait dédié sa Sonate pour violoncelle
et piano et qui développa une technique d’archet légère spécifique généralement
qualifiée de “française”. » Créé à Paris le 19 janvier 1873 par la Société des concerts du
conservatoire, ce concerto est typique de la manière du Saint-Saëns hédoniste et détaché.
Le Concerto pour violoncelle n° 2 peut déconcerter par sa forme en deux mouvements.
Le premier est un Allegro assez classique, noté toutefois moderato e maestoso, que suit un
Andante sostenuto pensif. Le second contient la cadence qu’on aurait attendue à la fin du
premier Allegro.
Ce Second Concerto a été dédié par Saint-Saëns à Joseph Hollman (1852-1926), avec
qui il avait joué en duo à Londres quelque temps plus tôt. Hollman, virtuose athlétique,
était aussi compositeur ; il écrivit notamment plusieurs concertos pour son instrument, ce
qui peut expliquer que Saint-Saëns ait souhaité lui montrer ce qu’il savait faire et exiger
de la part du soliste, en retour, toutes les marques de sa virtuosité. On parla, à l’issue de
la création de l’œuvre, de « mauvaise musique bien écrite », mais Saint-Saëns expliquait
autrement le destin qu’il imaginait pour son concerto : « Il ne sera jamais aussi répandu
que le premier, il est trop difficile. »
00:00 : I. Allegro moderato e maestoso - Andante sostenuto
11:03 : II. Allegro non troppo - Cadenza - Molto allegro