Mise en scène à Auschwitz : quand l’Armée rouge a filmé les camps de la mort

A leur arrivée dans le camp d’Auschwitz-Birkenau, les Soviétiques décident de tourner de fausses scènes de libération. Au procès de Nuremberg, deux films sont projetés, pour faire preuve des atrocités nazies. Comme le dit alors Robert Jackson, procureur en chef pour les Etats-Unis dans son discours d’ouverture : “Si je vous rapportais ces horreurs avec mes propres mots, vous trouveriez qu’on ne peut me croire“. A Nuremberg, les Soviétiques font projeter leur propre film : Un document cinématographique sur les exactions germano-fascistes, très différent du document américain. Monté avec des images tournées dès 1941, il répond en fait à la question restée sans réponse dans le film américain : qu’est-ce que le nazisme en acte pendant la guerre ? Les Américains ne sont arrivés qu’en juin 1944 en Europe de l’ouest (1943 en Italie), ils n’ont pu filmer que des survivants en pyjamas rayés, et des chambres à gaz n’ayant jamais fonctionné. Les Russes, en revanche, possèdent en images le répertoire intégral des horreurs nazies : fusillades de masse dans des fossés anti-char, gazages dans des camions spécialement aménagés, incendies sur des bûchers, etc. Ce sont eux qui ont découvert Maïdanek et Auschwitz ; ce sont eux qui ont utilisé le terme d’usines de la mort” pour la première fois. Leurs images illustrent donc la Shoah, quand les images américaines illustrent le système concentrationnaire nazi.
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