Lettre de Morand à Chardonne, 1er janvier 1960

Londres, 1er janvier 1960 Cher ami, Le 1er janvier, ici, n’est pas férié ; pas de temps perdu. Hier soir, les Londoniens se promenaient coiffés de chapeaux fantaisie, casques de policemen, tubes gris, chapeaux de paille, feutres mousquetaires, etc… Je parle de la rue ; les gens bien sont à la campagne ; ils laissent Londres aux garagistes de province et aux niggers, qui sont, non pas des nègres, mais tout ce qui est étranger. Le mot horrible d’alien, en usage jadis, est remplacé désormais ici par un autre, non moins insultant par l’accent qu’on y met : non-British. Ce qui me frappe dans les rues, c’est une vaste population indéfinissable, inclassable, de 18 ans genre Saint-Germain-des-Prés, avec des bandes de fillettes B.B. à queues-de-cheval, garçons à barbe carrée ou favoris, tous sans chapeau, en blue-jeans, etc… On voudrait savoir si c’est l’influence James Dean ou Sartre ? Les femmes, toujours aussi jol
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