LES BOURGEOIS, LEURS VALETS, LEURS BOUFFONS

Qui aurait cru, il y a une semaine, en plein débats délétères sur “l’islamogauchisme” ou les réunions non mixtes, qu’un sosie de Polnareff complètement allumé allait retourner l’agenda médiatique ? Dans un passage d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs, Marcel Proust décrit la salle à manger du Grand Hôtel d’une station balnéaire. Illuminée en pleine nuit, elle devenait “comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges”. En plein troisième confinement, alors que les amendes pleuvent sur les citoyens qui font un petit écart, on découvre derrière les parois de verre de nos écrans ces restaurants clandestins où se rencontrent des nantis autour de dîners hors de prix au mépris des
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