La “banque de graines de l’Apocalypse“ accueille un important arrivage de semences ce mardi

C’est un congélateur géant, baptisé “la banque de graines de l’Apocalypse“. Il est bâti sur l’île du Spitzberg, au large du Groenland, dans l’Arctique. Le bâtiment est enfoui à une centaine de mètres de profondeur, à flanc de montagne. L’architecture est à la fois discrète et futuriste. Le Svalbard Global Seed Vault est la plus grosse réserve mondiale de semences. La mission de cette réserve est de conserver dans ses entrailles des semences d’arbres et de toutes les cultures vivrières de la planète, et permettre ainsi à l’agriculture et à la sylviculture de mieux résister aux défis imposés par l’urgence climatique. Ce mardi, “l’Arche de Noé végétale“ va accueillir un important arrivage de semences. Plus de échantillons de semences, propriété de 36 banques génétiques régionales et internationales, vont rejoindre la chambre forte enfouie dans une montagne près de Longyearbyen, le chef-lieu de l’archipel norvégien du Svalbard, à un millier de kilomètres du Pôle Nord.  Le sarcophage géant recèle déjà échantillons actuels de semences, ou plutôt les gènes de ces graines. La monoculture a déjà provoqué la disparition de 75% des variétés cultivées dans le monde. “A mesure que le rythme du changement climatique et que la perte de biodiversité augmentent, émerge une nouvelle urgence dans les efforts pour sauver les cultures vivrières menacées d’extinction“, déclare Stefan Schmitz, directeur de la fondation Crop Trust, chargée de gérer la réserve.  “L’ampleur du dépôt de semences d’aujourd’hui démontre un engagement mondial croissant pour la conservation et l’utilisation de la diversité des cultures cruciale pour les agriculteurs dans leurs efforts d’adaptation à l’évolution des conditions de culture“. Parmi les graines qui seront déposées par des institutions du Brésil, des Etats-Unis, d’Allemagne, du Maroc, du Mali, d’Israël ou encore de Mongolie figurent des cultures de base courantes mais aussi des variétés sauvages moins utilisées.   Cet arrivage va porter à environ 1,05 million le nombre de variétés entreposées dans les trois alcôves souterraines qui forment la “chambre forte du Jugement dernier“, un autre surnom de la réserve.  La structure a vu le jour en 2008 grâce à un financement de la Norvège. Le Svalbard Seed Vault est né dans l’esprit d’un scientifique américain, Cary Fowle. Son ambition de départ était hors norme : stocker, et réaliser une “copie de sauvegarde“, de toutes les semences vivrières de la planète afin d’en préserver la biodiversité en péril. Cette chambre forte veut être un filet de sécurité face aux catastrophes naturelles, aux guerres, au changement climatique, ou aux maladies . Son utilité a été crûment mise en lumière par le conflit syrien: en 2015, les chercheurs ont pu récupérer au Svalbard les doubles de graines disparues dans la destruction de la banque de gènes de la ville d’Alep. Les Etats et institutions dépositaires restent propriétaires des semences et peuvent les récupérer à leur convenance.   Paradoxalement, la chambre forte a elle-même été rattrapée par le changement climatique: en 2016, elle a subi une infiltration d’eau au niveau du tunnel d’entrée en raison de la fonte du pergélisol, ce sol censé être gelé en permanence mais pourtant victime cette année-là de la hausse du thermomètre.   La Norvège a depuis financé des travaux pour accroître la résistance de la réserve dans un environnement appelé à devenir plus chaud et plus humide. Selon les scientifiques, l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Parmi les co-fondateurs du projet, il y a la fondation Rockefeller et des entreprises privées actives dans la production de semences industrielles. Monsanto n’y figure pas, mais bien la multinationale suisse Syngenta, rachetée par la Chine. Syngenta est le leader mondial de l’agrochimie. Son produit phare est le Cruiser, un produit chimique incriminé dans la disparition des abeilles. Et si Monsanto n’apparaît pas officiellement parmi les mécènes du Svalbard Seed Vault, la multinationale y est présente en filigrane : à travers la fondation Bill et Melinda Gates, qui est l’un des actionnaires de Monsanto. Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité. View more at: Cliquez sur S’abonner pour recevoir les dernières nouvelles.
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